Petits souvenirs d'été

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chris68
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Petits souvenirs d'été

Message par chris68 »

L'autre jour, par -3°C et sous une chappe de stratus givrants, je me suis mis à repenser à l'été. A toutes ces ambiances orageuses vécues et qui sont passées trop vite. Alors j'ai écrit un petit souvenir, histoire d'égayer la soirée au coin du feu...


Le soleil termine de se coucher derrière d'anciennes chaumes vosgiennes. Une armée d'altocumulus débarque alors du Sud Ouest et balaye le ciel, et le baromètre baisse. Le magnifique crépuscule est trompeur, le nuit ne sera pas aussi paisible qu'il n'y parait. Déjà, vers le NO, une immense masse sombre s'est élevée en quelques dizaines de minutes seulement. D'elle jaillissent bientôt des coups de foudre, et en son sein bat un coeur rythmé par d'inombrables pulsations lumineuses. Le tout se déroule dans le plus calme, tout est si loin, celui là ne sera pas pour moi.

Il est 01h20. Cela fait déjà 6 longues heures que je suis devant le PC à suivre, minute par minute l’évolution de la situation. Tout est éteint, toute la maison dort, seule la petite lampe de mon bureau éclaire ce qu’il faut pour ne pas que je me crève les yeux sur l’écran. Enfin, seules quelques timides et lentes mélodies résonnent encore dans la pièce. Mais c’est l’heure à présent. L’heure de les éteindre et d’ouvrir le velux. Un air frais pénètre alors dans la chambre surchauffée sous le chant des grillons. Des chauves souris virevoltent sous le ciel étoilé, le chant des chouettes nous rappelle que la forêt est juste là, devant, sur le flanc de la vallée.
Je scrute là bas au loin, au dessus de la ligne de crêtes. Mon regard porte sur des kilomètres, imperturbable, il fixe cet horizon et attend. Une attente interminable que les sangliers venus faire un festin de pommes dans le verger tentent vainement de meubler. Là bas, au loin vers le Sud Ouest, une timide lueur blanche illumine furtivement l’horizon. Puis, une seconde, une troisième, 10, 15, 50. Plus leur nombre augmente, plus elles deviennent intenses et lumineuses.
Et puis, soudain, je prends conscience que les grillons, chouettes et autres musiciens de la nuit se sont tus. Un silence pesant, parfois inquiétant a prit place dans le paysage pour que le premier lointain mugissement de l’orage se fasse entendre. Un roulement sourd et irrégulier commence, tel un orchestre de tambours approchant à grand pas. L’air frais se mue alors en une bise de plus en plus brutale, d'abord tout juste de quoi faire frémir les feuilles des arbres puis à faire siffler la forêt entière là haut, sur la montagne. Le train est en marche, et ce à quoi j’ai aspiré des jours entiers est en train d’arriver. Il est temps d’éteindre le PC, le rêve va commencer…

Et le tonnerre gronde. La foudre éblouit. Le coeur bat à 100 à l'heure rien qu'à l'idée de savoir que le prochain impact est peut être pour le toit. Etranges sensations où l'angoisse se mêle à l'excitation et à la fascination. Un crowler parcourt le ciel de la vallée, suivi d'un coup de foudre qui s'abat sur la montagne au loin.

Le joyeux foutoir atmosphérique réveille la vallée endormie, les orages annoncés sont arrivés. La pluie frappe le vélux, nettoyant au passage toutes les traces laissées par la canicule. Le bruit des gouttes qui s'abattent sur le toit est sans doute ma musique préférée. Avec ses accélérations, poussée par les rafales, puis ses ralentissements, où l'on croit que l'averse s'évanouie..avant de revenir.

Pas de tornades ni de coups de foudre positifs qui traverse la cheminée ce soir. Mes angoisses ne se sont pas produites. Et l'orage peut tranquillement s'en aller continuer son bal vers la plaine d'Alsace. Il laisse derrière lui une petite pluie fine et un passioné conscient du moment intense qu'il vient de passer et qui s'en souviendra encore lors des longues soirées d'hiver...

:D

Christophe Suarez
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Message par Christophe Suarez »

Tu m'as fait vibrer le temps d'une lecture, Chris. Bel hommage à notre passion. Quand l'éphémère devient essentiel, cette petite part de rêve nous préserve de l'anéantissement. Quand l'unique est plus important que le commun, la vie devient un art. Et... si je devais choisir mon style, il ressemblerait à la foudre ! :wink:

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