Un témoignage à lire, absolument
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Un témoignage à lire, absolument
Bonjour,
Voici un témoignage reçu hier. Il est absolument poignant.
"
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé le site et je me permets un petit témoignage perso d'une aventure qui m'est arrivée ce w.e.
En retard sur notre itinéraire, mon ami et moi avons été condamnés à dormir sur une toute petite vire rocheuse juste sous le bâton de Winks, l'un des gendarmes de l'arrête des Grands Charmoz dans les aiguilles de Chamonix.
Pour moi, la montagne c'était avant tout l'immobilité et le silence.
On a pris deux fois la foudre. la deuxième fois, j'ai été propulsé par la puissance de l'électrocution. je n'arrivais plus à sentir mes pieds qui pendaient dans le vide. mon ami m' aidé à me rétablir et nous nous sommes blottis l'un contre l'autre en nous serrant de toutes nos force. Malgré la terreur qui m'empêchait de respirer et l'intensité de la grêle qui nous empêchait toute communication vocale, j'entre-ouvrai mon sur-sac imperméable pour évaluer la situation.
C'est alors que je vis un énorme éclair déchirer le ciel et s'abattre sur la vierge au sommet du Grépon tout proche. Le cirque entier s'illuminât dans une lumière irréelle et je distinguais parfaitement les aiguilles de Blaitière, et, au fond le Mont-Blanc. Cette montagne que je connais sous tous les angles m'avait toujours paru aussi majestueuse qu'imposante, c'était depuis toujours mon Olympe, mais un dieu plus puissant que Zeus était entrain de lui donner une leçon d'humilité. Qu'elle prétention de croire que c'était contre nous que les éléments se déchainaient. Non, nous n'existions même pas, nous étions alors si insignifiants. Surplombé par cet énorme nuage noir qui crachait ses éclairs alentours dans un tonnerre assourdissant, le Mont-Blanc prenait tout à coup l'expression d'un petit enfant qu'on gronde.
Malgré l'angoisse extrême du condamné qui attend le prochain éclair fatal, je contemplais dans une extase folle la beauté du spectacle. Le contour des sommets alentours qui surgissaient avant de replonger dans l'obscurité pour mieux laisser la place au tonnerre était tout simplement irréel. Le bruit aveugle est beaucoup plus effrayant que la terrible et silencieuse lumière déchirant le ciel. La blancheur de la neige qui contrastait avec la noirceur du nuage était magnifique. Je sais que, dorénavant, je ne ressentirai jamais plus rien de tel. Une esthétique totale, sans détour interprétatif possible, sa. Je ne pense plus, je suis déjà mort, je peux me permettre d'être contemplatif.
En tournant la tête, j’aperçus dans la vallée les lumières de Chamonix, paisibles, terriblement vivantes et par ce fait même terriblement lointaines. On distinguait aisément les rues éclairées bordant l'Arve, le stade, la piscine. La grêle faiblit et j'entendis Xavier, que je pensais athée tout comme moi, prier : "notre père, libérez-nous".
Quelques heures plus tard, le second orage passa à l'ouest, nous étions sauvé.
Etienne
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Voici un témoignage reçu hier. Il est absolument poignant.
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Bonjour,
J'ai beaucoup aimé le site et je me permets un petit témoignage perso d'une aventure qui m'est arrivée ce w.e.
En retard sur notre itinéraire, mon ami et moi avons été condamnés à dormir sur une toute petite vire rocheuse juste sous le bâton de Winks, l'un des gendarmes de l'arrête des Grands Charmoz dans les aiguilles de Chamonix.
Pour moi, la montagne c'était avant tout l'immobilité et le silence.
On a pris deux fois la foudre. la deuxième fois, j'ai été propulsé par la puissance de l'électrocution. je n'arrivais plus à sentir mes pieds qui pendaient dans le vide. mon ami m' aidé à me rétablir et nous nous sommes blottis l'un contre l'autre en nous serrant de toutes nos force. Malgré la terreur qui m'empêchait de respirer et l'intensité de la grêle qui nous empêchait toute communication vocale, j'entre-ouvrai mon sur-sac imperméable pour évaluer la situation.
C'est alors que je vis un énorme éclair déchirer le ciel et s'abattre sur la vierge au sommet du Grépon tout proche. Le cirque entier s'illuminât dans une lumière irréelle et je distinguais parfaitement les aiguilles de Blaitière, et, au fond le Mont-Blanc. Cette montagne que je connais sous tous les angles m'avait toujours paru aussi majestueuse qu'imposante, c'était depuis toujours mon Olympe, mais un dieu plus puissant que Zeus était entrain de lui donner une leçon d'humilité. Qu'elle prétention de croire que c'était contre nous que les éléments se déchainaient. Non, nous n'existions même pas, nous étions alors si insignifiants. Surplombé par cet énorme nuage noir qui crachait ses éclairs alentours dans un tonnerre assourdissant, le Mont-Blanc prenait tout à coup l'expression d'un petit enfant qu'on gronde.
Malgré l'angoisse extrême du condamné qui attend le prochain éclair fatal, je contemplais dans une extase folle la beauté du spectacle. Le contour des sommets alentours qui surgissaient avant de replonger dans l'obscurité pour mieux laisser la place au tonnerre était tout simplement irréel. Le bruit aveugle est beaucoup plus effrayant que la terrible et silencieuse lumière déchirant le ciel. La blancheur de la neige qui contrastait avec la noirceur du nuage était magnifique. Je sais que, dorénavant, je ne ressentirai jamais plus rien de tel. Une esthétique totale, sans détour interprétatif possible, sa. Je ne pense plus, je suis déjà mort, je peux me permettre d'être contemplatif.
En tournant la tête, j’aperçus dans la vallée les lumières de Chamonix, paisibles, terriblement vivantes et par ce fait même terriblement lointaines. On distinguait aisément les rues éclairées bordant l'Arve, le stade, la piscine. La grêle faiblit et j'entendis Xavier, que je pensais athée tout comme moi, prier : "notre père, libérez-nous".
Quelques heures plus tard, le second orage passa à l'ouest, nous étions sauvé.
Etienne
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Photos foudre
Trombes marines
Photos aurores boréales
Christophe Suarez photographe - Facebook
@suarezphoto Twitter
D850, D810, et une brochette d'objectifs Sigma
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- Roger Moretti
- Ancien
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- Ancien
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Quel récit !
ça rappelle certaines scènes très fortes du roman de Frison-Roche Premier de cordée. Le combat de titans entre les éléments, et les pauvres humains coincés là-dedans quasi inexistants. Spectateurs minuscules, insignifiants, sur le point de disparaître... et pourtant aptes à saisir tout le sens et la beauté de l'affrontement. Elle est là aussi, je trouve, la beauté de votre histoire, outre bien sûr le fait qu'elle s'est mieux terminée pour vous que pour les héros de Frison-Roche.
D'une expérience pareille, on en sort avec un autre regard sur le monde c'est vraiment le moindre qu'on puisse dire.
ça rappelle certaines scènes très fortes du roman de Frison-Roche Premier de cordée. Le combat de titans entre les éléments, et les pauvres humains coincés là-dedans quasi inexistants. Spectateurs minuscules, insignifiants, sur le point de disparaître... et pourtant aptes à saisir tout le sens et la beauté de l'affrontement. Elle est là aussi, je trouve, la beauté de votre histoire, outre bien sûr le fait qu'elle s'est mieux terminée pour vous que pour les héros de Frison-Roche.
D'une expérience pareille, on en sort avec un autre regard sur le monde c'est vraiment le moindre qu'on puisse dire.
Ancien pseudo Nico17/69