Pour moi, ça c'est passé en juillet 2003, si je me souviens bien. La date ne m'a pas marqué, l'orage de ce jour là, oui...
A l'époque, j'étais en vacances dans un camping à Sanguinet, en dessous du bassin d'Arcachon. Mon père avait un petit bateau avec un petit moteur (4 ou 5 chevaux), ce qui était sympa pour aller voguer sur le grand lac à proximité. Très sympa aussi, quand on a 18 ans, pour emmener des filles se promener
.
Cette après-midi là, c'est 3 copines de vacances que j'emmène 8) . On embarque dans le bateau, et c'est parti. J'avais bien remarqué avant de partir quelques nuages qui se profilait à l'ouest, mais je n'y avais pas plus prêté attention. Mais après 15 min de navigation, j'aperçois un énorme arcus qui arrive sur nous à une vitesse folle.
Je m'aperçois qu'il est trop tard pour revenir dans un endroit abrité, alors je cherche à rejoindre le bord le plus proche. Mais d'un coup le vent se lève, et très rapidement de grosses vagues font leur apparition. Le petit moteur, ne suffit plus pour maitriser le bateau, les creux font au moins un mètre, le bateau menace de chavirer à tout instant! Les filles sont terrorisées, moi, j'essaie de faire bonne figure, histoire d'éviter la panique, mais je n'en mène pas large...
Heureusement, j'arrive à rejoindre une zone de hauts fonds où les vagues sont moins hautes, et surtout, il ya une bouée d'amarrage, où j'attache le bateau par l'avant, afin de rester bien en face du vent. Il n'y a plus qu'à attendre que ça se calme. Mais ça ne se calme pas, le vent souffle toujours autant, et même de plus en plus fort, et je m'aperçois avec stupeur qu'on dérive...
Je repars à l'avant, le bateau est toujours attaché, alors je me mets à l'eau avec masque et tuba, et je m'aperçois que le lest attaché à la bouée n'est presque plus en contact avec le fond!!! L'aspiration (et donc la dépression) crée par l'orage fait monter le niveau de l'eau, et, la chaine entre le lest et la bouée n'étant plus assez longue, la bouée soulevait le lest... Heureusement, la bouée est rattachée à la chaine par une corde, et quelques immersions après, le problème est résolu.
Je remonte sur le bateau, et là, je vois un rideau d'un blanc bleuâtre qui nous arrive dessus : la grêle...
Une des filles est déjà frigorifiée, la température a beaucoup chuté. Et pour ne rien arranger, la foudre commence à tomber un peu partout, et les impacts se rapprochent.
Que faire??? La côte est à 400 ou 500 m, trop dangereux d'y aller en bateau, trop long pour y aller à la nage ou à pieds (il y a 2 m d'eau sur ces hauts fonds).
Faut-il se mettre à l'eau, faut-il rester dans le bateau? Je n'en savais trop rien, il me semblait que dans tous les cas, on était mal, voire condamnés...
J'ai regroupé tout le monde au plus près de la visière du petit hors-bord, les jambes sous la zone recouverte à l'avant, et les serviettes au dessus.
Les minutes qui ont passées à ce moment étaient longues comme des heures, les flashes se succédaient, le tonnerre était continu...
Et puis ça c'est calmé doucement, dès que j'ai pu, j'ai détaché le bateau, et on est reparti vers le bord. On a récupéré un véliplanchiste qui s'était lui aussi fait surprendre, il était presque en état de choc.
Mon père, qui avait suivi l'épisode du bord était content de nous retrouver sains et saufs.
On a eu énormément de chance de ne pas servir de précurseur à un traceur, on était la seule proéminence sur ce lac à 500 m à la ronde.
Je n'ai jamais montré que j'étais dépassé par les éléments, mais pourtant j'ai eu cette sensation de fin du monde, que nous allions tous mourir, et pendant ces longues minutes sous la grêle et les éclairs, je m'en suis beaucoup voulu de ne pas avoir anticipé davantage. Tout content d'emmener ces trois filles, j'ai refusé de voir le danger arriver, alors que j'avais déjà vécu une situation quasi similaire 1 ou 2 ans avant.
La deuxième et dernière fois où j'ai eu cette sensation de fin du monde, c'était lors de la tempête de décembre 1999, où, après avoir "profité" des premiers coups de vent avec un copain sur un parking de grande surface, nous nous sommes abrité derrière un "Feu Vert" voyant les choses se dégrader, dont les parois en tôles vibraient littéralement sous les assauts du vent, pendant qu'un grand chêne à proximité hurlait terriblement, et que tout était emporté alentours... Enfin, il y aurait de quoi faire un autre récit....