Il y a dix ans...
Posté : dim. déc. 27, 2009 10:26
Qu'allait-on trouver comme idée originale pour inaugurer cette rubrique un 27 décembre 2009 ? Je vous le donne en mille :P :
Dimanche 27 Décembre 2009
________________________________________
LA TEMPÊTE DIX ANS APRÈS. Sylviane Dulioust était de permanence aux urgences de l'hôpital de La Rochelle la nuit où Martin, l'ouragan, a traversé le département. Elle n'a pas oublié
La nuit de folie du 27 décembre 1999
Les photos réalisées pendant cette nuit-là sont rares
De cette terrible tempête qui portait, paraît-il, le paisible nom de Martin, les images qui restent sont celles du lendemain, quand on a découvert l'ampleur des dégâts et compté les victimes. De la nuit même où tout s'est passé, il y eut peu de visions globales, chacun s'étant trop arc-bouté à sa propre maison ou sa propre survie pour appréhender l'ampleur du phénomène. Seuls les sauveteurs, pompiers, gendarmes ou urgentistes ont pu ressentir en direct la violence des événements.
Sylviane Dulioust était chef du service des urgences à l'hôpital de La Rochelle. à ce titre, elle a coordonné les secours pour le Samu 17 en liaison directe avec la préfecture. « J'ai senti que quelque chose d'anormal se passait en arrivant à l'hôpital, vers 17 heures. La grue d'un chantier bougeait trop fort. Et une première grosse rafale de vent a failli m'emporter. Dès que l'on a compris qu'il s'agissait d'un événement hors norme, l'urgence qui s'est imposée à nous était de protéger les gens qui étaient à l'hôpital, visiteurs, patients ou membres du personnel, en les empêchant de sortir. Le danger était dehors. » Très vite, le centre 15 a été saturé. Sylviane Dulioust devait réguler les interventions sur tout le département. Les informations lui arrivaient par bribes. Graves ou bénignes.
Un chauffeur du Smur tué au volant lors d'une intervention à Saintes, le toit de la clinique de L'Aurore effondré et des femmes en train d'accoucher à rapatrier d'urgence sur l'hôpital : « Et puis des traumatismes crâniens, des coupures, des problèmes ophtalmologiques. » Dans le couloir des urgences, c'était un peu la cour des miracles (1).
Un mémoire de 74 pages
Spécialiste de la médecine de catastrophe, Sylviane Dulioust l'avoue : elle n'était pas préparée pour un tel événement.
« Il aurait fallu savoir anticiper. Mais une catastrophe ne ressemble jamais à une autre. Il faudrait savoir prendre des dispositions avant que les symptômes patents de la calamité n'apparaissent. Pas simple. » Aujourd'hui, un mémoire de 74 pages rédigé par les docteurs Bachelier, Beneteaud et Tourret qui travail-laient avec Sylviane Dulioust ce soir-là, tire les leçons de cette soirée.
Mémoire de médecine en situation de catastrophe, à l'attention des universitaires, il pointe les failles du système dans un pays où l'on n'est pas soumis aux risques cycloniques et où les secours ont tendance à intervenir de façon séparée. Ce mémoire dresse aussi un bilan plus complet des victimes de l'ouragan. Officiellement, il aurait fait 13 morts et 120 blessés en Charente-Maritime. Mais si on y ajoute les personnes décédées quelques jours après des suites de leurs blessures, c'est bien 18 personnes qui ont perdu la vie dans la tempête du siècle.
(1) 161 personnes ont été hospitalisées entre 18 heures et minuit.
Auteur : thomas brosset
t.brosset@sudouest.com
Dimanche 27 Décembre 2009
________________________________________
LA TEMPÊTE DIX ANS APRÈS. Sylviane Dulioust était de permanence aux urgences de l'hôpital de La Rochelle la nuit où Martin, l'ouragan, a traversé le département. Elle n'a pas oublié
La nuit de folie du 27 décembre 1999
Les photos réalisées pendant cette nuit-là sont rares
De cette terrible tempête qui portait, paraît-il, le paisible nom de Martin, les images qui restent sont celles du lendemain, quand on a découvert l'ampleur des dégâts et compté les victimes. De la nuit même où tout s'est passé, il y eut peu de visions globales, chacun s'étant trop arc-bouté à sa propre maison ou sa propre survie pour appréhender l'ampleur du phénomène. Seuls les sauveteurs, pompiers, gendarmes ou urgentistes ont pu ressentir en direct la violence des événements.
Sylviane Dulioust était chef du service des urgences à l'hôpital de La Rochelle. à ce titre, elle a coordonné les secours pour le Samu 17 en liaison directe avec la préfecture. « J'ai senti que quelque chose d'anormal se passait en arrivant à l'hôpital, vers 17 heures. La grue d'un chantier bougeait trop fort. Et une première grosse rafale de vent a failli m'emporter. Dès que l'on a compris qu'il s'agissait d'un événement hors norme, l'urgence qui s'est imposée à nous était de protéger les gens qui étaient à l'hôpital, visiteurs, patients ou membres du personnel, en les empêchant de sortir. Le danger était dehors. » Très vite, le centre 15 a été saturé. Sylviane Dulioust devait réguler les interventions sur tout le département. Les informations lui arrivaient par bribes. Graves ou bénignes.
Un chauffeur du Smur tué au volant lors d'une intervention à Saintes, le toit de la clinique de L'Aurore effondré et des femmes en train d'accoucher à rapatrier d'urgence sur l'hôpital : « Et puis des traumatismes crâniens, des coupures, des problèmes ophtalmologiques. » Dans le couloir des urgences, c'était un peu la cour des miracles (1).
Un mémoire de 74 pages
Spécialiste de la médecine de catastrophe, Sylviane Dulioust l'avoue : elle n'était pas préparée pour un tel événement.
« Il aurait fallu savoir anticiper. Mais une catastrophe ne ressemble jamais à une autre. Il faudrait savoir prendre des dispositions avant que les symptômes patents de la calamité n'apparaissent. Pas simple. » Aujourd'hui, un mémoire de 74 pages rédigé par les docteurs Bachelier, Beneteaud et Tourret qui travail-laient avec Sylviane Dulioust ce soir-là, tire les leçons de cette soirée.
Mémoire de médecine en situation de catastrophe, à l'attention des universitaires, il pointe les failles du système dans un pays où l'on n'est pas soumis aux risques cycloniques et où les secours ont tendance à intervenir de façon séparée. Ce mémoire dresse aussi un bilan plus complet des victimes de l'ouragan. Officiellement, il aurait fait 13 morts et 120 blessés en Charente-Maritime. Mais si on y ajoute les personnes décédées quelques jours après des suites de leurs blessures, c'est bien 18 personnes qui ont perdu la vie dans la tempête du siècle.
(1) 161 personnes ont été hospitalisées entre 18 heures et minuit.
Auteur : thomas brosset
t.brosset@sudouest.com