Témoignage et requête sur la catastrophe du 02 Novembre 2008
Posté : dim. sept. 02, 2012 05:31
Bien le bonjour !
Bon, aujourd'hui, je vais faire appel à votre mémoire les gens, car j'ai besoin de quelque chose que je cherche depuis des années. Je vais en profiter pour faire le témoignage de la catastrophe du 02 Novembre 2008. C'est déjà vieux, mais il m'aura fallu presque 4 ans, avant de pouvoir faire un récit sur des souvenirs qui me brûlent encore l'esprit aujourd'hui.
Qu'est-ce que je recherche:
Je suis à la recherche d'archives d'analyses et de cartes des modèles de prévision ( GFS ou WRF ) pour la date du 31 Octobre 2008 et 01 Novembre 2008.
Pourquoi:
Un certain 02 Novembre 2008, alors que je n'étais pas encore chasseur d'orages et passionné par la météo, une catastrophe a marqué ma vie, à un tel point que j'en suis encore profondément choqué à l'heure d'aujourd'hui.
Tout commence le 01 Novembre 2008 au soir. Je vais passer du temps chez mes grands-parents qui habitent en bord de Loire à Retournac (43). Je devais partir ramasser des champignons le lendemain avec mon grand père. Bref, un beau weekend en perspective.
Après le diner, la météo de TF1 passe, et on remarque que le département est placé en alerte orange pour les orages. Le bulletin ressemblait à ça: " De forts orages sont attendus dans la nuit sur les Cévennes, provoquant de fortes pluies, restez prudents ". Point. C'est tout. Rien de plus, vous comprenez ? Donc, bah, les orages en Haute-Loire ça nous connait, pas d'inquiétude. Et on pars se coucher.
La pluie commence à tomber faiblement, je l'entend sur le toit de la maison car la chambre est aménagée dans les combles. Pas de sévérité particulière. Je dors.
Jusqu'à ce que le téléphone sonne très tard dans la nuit. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment là je suis pris d'une sueur froide, un mauvais pressentiment très puissant qui me met mal à l'aise. Je me lève, descend l'étage, et voit ma grand mère qui a décroché. Il fait nuit dehors, ça attire mon attention sur la pendule: Il est 05h00 du matin.
La conversation ne dure que très peu de temps, puis un visage d'incompréhension se dessine sur la tête de ma grand-mère.
Mon grand-père lui demande que ce passe t'il?
Et elle répond que c'était les pompiers, et qu’apparemment il y a un risque de crue de la Loire et qu'il faut rester éveillé en attendant de plus ample informations.
Mes grands-parents, pour me rassurer sans doute, me disent d'aller me recoucher car il est tard, et que " ce n'est surement rien de grave ".
Mais le fait était là, les pompiers n'appellent pas les gens pour rien, et encore moins à 05h00 du matin. Impossible de retrouver le sommeil, et je commence à stresser.
L'heure passe, 06h00. J'entends mon grand-père faire des aller-retour dehors alors qu'il fait toujours nuit noir. Rien à faire, je commence à en trembler lorsque j'entends ma grand-mère dire " ça y est cette fois ci on y a droit, c'est l'inondation " au bord de la crise de stress. Je me lève.
Je vois tout un tas de choses de la cave qui ont été montées dans la maison par mon grand-père. Puis il me demande d'aller l'aider pour aller voir au garage qui est juste au bout de leur terrain. Je suis encore en pyjama, je met mes baskets sans chaussettes, et je sors. Mes jambes avancent presque toutes seules. On y voit rien, il fait nuit noir.
On traverse le terrain pour aller au garage, et là je constate que la pelouse est complètement saturée d'eau, à un tel point que mes chaussures se retrouvent complètement trempées au bout de quelques pas. Des grosses flaques d'eau en vérité, dans la pelouse. On essaye d'embarquer des choses à la maison, sans savoir pourquoi, mais on le fait.
Puis on attend dans la cuisine. On essaye tous de se rassurer les uns des autres. Jusqu'à ce qu'on entende la sirène de ville sonner, puis la sonnerie du téléphone retentir une nouvelle fois. On décroche, c'est encore les pompiers, mais cette fois, ils donnent l'ordre d'évacuer impérativement les lieux.
Une peur mêlée à une impuissance et surtout un effet de surprise fait que ma grand-mère n'arrive pas à contrôler ses émotions. On prend quelques affaires, des vêtements, fait une petite valise, puis on ferme la maison. On se dit que la rivière ( la Loire ) qui se trouve à environ 200 mètres de la maison devrait monter, déborder dans le terrain, et puis c'est tout. Je prend mon appareil photo numérique avec moi, puis on emprunte le passage de secours qui se situe à l'arrière du terrain, qui ne sert qu'en cas d'évacuation de se type là.
On monte sur le pont juste un peu plus loin, qui domine la maison. Il n'y a personne, le silence le plus total, excepté le bruit de la voiture de pompiers qui vient inspecter si des personnes sont restées dans les maisons en bas.
La Loire est déjà très grosse et en colère, elle est montée de 3 mètres environ, et est au bords de la "digue" ( ce n'est pas une digue, c'est simplement une route qui se trouve surélevée qui passe entre les maisons et la rivière ). Je n'avais déjà jamais vu la Loire comme ça.
La sirène retentit une nouvelle fois. Il fait de plus en plus jour, la Loire devient vraiment mauvaise, et de gros débris commencent à apparaître à la surface. On assiste au "spectacle" sans pouvoir rien faire.
Il est 07h50, la Loire sors enfin de son lit de manière spectaculaire. C'est extrêmement rapide, un peu comme une vague, qui n'est pas stoppable.
1/
2/
Cette photo montre la Loire en train de monter ( +3mètres au dessus du niveau normal ), avec le lit initial de la Loire, la route qui mène aux maisons, et notre maison sur la droite.
3/
La crue s'intensifie, des gros débris apparaissent. Je fait demi tour et reprend le chemin à l'arrière de la maison pour voir où se trouve l'eau, pour voir les dégats actuels. L'eau est montée de 2 mètres de plus en 15 minutes, c'est considérable.
4/
Cette photo montre la maison de mes grands-parents depuis le jardin arrière. Au fond, le lit initial de la Loire qui n'est pas visible normalement, et devant un trait rouge indiquant jusqu'où finira par monter la Loire au stade maximal, +7 mètres au dessus du niveau normal ( 2 mètres de plus ).
A ce moment là, en fait, on avait encore un peu d'espoir que ça s'arrête, que l'eau cesse de monter et qu'au final simplement le jardin ait été inondé. C'est ce qu'on pensait. Mais l'eau gagne sans cesse du terrain, il faut partir d'ici.
Pour ne pas assister à la scène de désolation, on rentre chez des amis à mes grands-parents. Impossible de faire face à la vérité, c'est trop dur moralement.
Quand je regarde Internet en arrivant labas, je remarque que Météo-France déclenche sa vigilance rouge, il serait peut être temps, on a les pieds dans l'eau et une maison qui coule !!! :evil: :evil: :evil:
On ne reviendra sur les lieux que le lendemain, après que les alertes aient été levées. Et là, on ne s'attendait pas au paysage de désolation qu'on était sur le point de voir.
Nous qui croyaient que le jardin allait être inondé, l'eau aura monté d'1 mètre dans la maison.
A l'intérieur, tout est dévasté, certaines vitres ont explosé, une épaisse couche de boue recouvre tout, une odeur de cadavre empeste le secteur ( on remarquera plus tard que tout un tas d'animaux morts se trouvent un peu partout et sous la boue ). Les réparations s'annoncent catastrophiques, rien est récupérable, rien. Les murs en platre ont gonflés, les installations électriques sont mortes, le matériel est HS, et l'hiver qui arrive pour rien arranger....
5/
6/
7/
8/
L'état de catastrophe naturelle aura été déclaré dans le département, ce qui, par chance, aura fait en sorte que les assurances remboursent la totalité des réparations engendrées par cette crue spectaculaire ( 40 000 euros ).
La Loire est un fleuve capricieux, de nombreuses crues ont été déplorées par le passé, mais elles intervenaient généralement sous forme de "cycles". On parlait d'une crue notable tous les 10 ans.
Mais depuis quelques années, les crues ne correspondent plus à des cycles définis. Elles interviennent très fréquemment, avec des intensités anormales.
L'année dernière en 2011, le 8 Novembre, un épisode cévenol a frappé et à fait monter la Loire de 3 mètres. Elle s'est arrêtée au bord de la route sans passer par dessus, à quelques centimètres près. Le scénario à bien faillit se reproduire. C'est pourquoi j'étais stressé dans les suivis de la situation sur les sujets correspondants sur le forum. Du matériel a mon grand-père à tout de même été endommagé par des infiltrations d'eau dans la cave, ce qui a donné une facture de 1500 euros non remboursés par les assurances.
Cette année encore, je redoute le prochain épisode cévenol.
C'est pourquoi j'aimerais mettre la main sur les archives des cartes de prévision du 31 et 01 Novembre 2008, pour voir ce qui était prévu, pour avoir une référence dans la tête, afin de pouvoir éviter qu'un scénario catastrophe se reproduise chez mes grands parents.
Car depuis 2008, je sais que je ne peux plus faire confiance à Météo-France. Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit, eux ne le font pas hélas.
Bon, aujourd'hui, je vais faire appel à votre mémoire les gens, car j'ai besoin de quelque chose que je cherche depuis des années. Je vais en profiter pour faire le témoignage de la catastrophe du 02 Novembre 2008. C'est déjà vieux, mais il m'aura fallu presque 4 ans, avant de pouvoir faire un récit sur des souvenirs qui me brûlent encore l'esprit aujourd'hui.
Qu'est-ce que je recherche:
Je suis à la recherche d'archives d'analyses et de cartes des modèles de prévision ( GFS ou WRF ) pour la date du 31 Octobre 2008 et 01 Novembre 2008.
Pourquoi:
Un certain 02 Novembre 2008, alors que je n'étais pas encore chasseur d'orages et passionné par la météo, une catastrophe a marqué ma vie, à un tel point que j'en suis encore profondément choqué à l'heure d'aujourd'hui.
Tout commence le 01 Novembre 2008 au soir. Je vais passer du temps chez mes grands-parents qui habitent en bord de Loire à Retournac (43). Je devais partir ramasser des champignons le lendemain avec mon grand père. Bref, un beau weekend en perspective.
Après le diner, la météo de TF1 passe, et on remarque que le département est placé en alerte orange pour les orages. Le bulletin ressemblait à ça: " De forts orages sont attendus dans la nuit sur les Cévennes, provoquant de fortes pluies, restez prudents ". Point. C'est tout. Rien de plus, vous comprenez ? Donc, bah, les orages en Haute-Loire ça nous connait, pas d'inquiétude. Et on pars se coucher.
La pluie commence à tomber faiblement, je l'entend sur le toit de la maison car la chambre est aménagée dans les combles. Pas de sévérité particulière. Je dors.
Jusqu'à ce que le téléphone sonne très tard dans la nuit. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment là je suis pris d'une sueur froide, un mauvais pressentiment très puissant qui me met mal à l'aise. Je me lève, descend l'étage, et voit ma grand mère qui a décroché. Il fait nuit dehors, ça attire mon attention sur la pendule: Il est 05h00 du matin.
La conversation ne dure que très peu de temps, puis un visage d'incompréhension se dessine sur la tête de ma grand-mère.
Mon grand-père lui demande que ce passe t'il?
Et elle répond que c'était les pompiers, et qu’apparemment il y a un risque de crue de la Loire et qu'il faut rester éveillé en attendant de plus ample informations.
Mes grands-parents, pour me rassurer sans doute, me disent d'aller me recoucher car il est tard, et que " ce n'est surement rien de grave ".
Mais le fait était là, les pompiers n'appellent pas les gens pour rien, et encore moins à 05h00 du matin. Impossible de retrouver le sommeil, et je commence à stresser.
L'heure passe, 06h00. J'entends mon grand-père faire des aller-retour dehors alors qu'il fait toujours nuit noir. Rien à faire, je commence à en trembler lorsque j'entends ma grand-mère dire " ça y est cette fois ci on y a droit, c'est l'inondation " au bord de la crise de stress. Je me lève.
Je vois tout un tas de choses de la cave qui ont été montées dans la maison par mon grand-père. Puis il me demande d'aller l'aider pour aller voir au garage qui est juste au bout de leur terrain. Je suis encore en pyjama, je met mes baskets sans chaussettes, et je sors. Mes jambes avancent presque toutes seules. On y voit rien, il fait nuit noir.
On traverse le terrain pour aller au garage, et là je constate que la pelouse est complètement saturée d'eau, à un tel point que mes chaussures se retrouvent complètement trempées au bout de quelques pas. Des grosses flaques d'eau en vérité, dans la pelouse. On essaye d'embarquer des choses à la maison, sans savoir pourquoi, mais on le fait.
Puis on attend dans la cuisine. On essaye tous de se rassurer les uns des autres. Jusqu'à ce qu'on entende la sirène de ville sonner, puis la sonnerie du téléphone retentir une nouvelle fois. On décroche, c'est encore les pompiers, mais cette fois, ils donnent l'ordre d'évacuer impérativement les lieux.
Une peur mêlée à une impuissance et surtout un effet de surprise fait que ma grand-mère n'arrive pas à contrôler ses émotions. On prend quelques affaires, des vêtements, fait une petite valise, puis on ferme la maison. On se dit que la rivière ( la Loire ) qui se trouve à environ 200 mètres de la maison devrait monter, déborder dans le terrain, et puis c'est tout. Je prend mon appareil photo numérique avec moi, puis on emprunte le passage de secours qui se situe à l'arrière du terrain, qui ne sert qu'en cas d'évacuation de se type là.
On monte sur le pont juste un peu plus loin, qui domine la maison. Il n'y a personne, le silence le plus total, excepté le bruit de la voiture de pompiers qui vient inspecter si des personnes sont restées dans les maisons en bas.
La Loire est déjà très grosse et en colère, elle est montée de 3 mètres environ, et est au bords de la "digue" ( ce n'est pas une digue, c'est simplement une route qui se trouve surélevée qui passe entre les maisons et la rivière ). Je n'avais déjà jamais vu la Loire comme ça.
La sirène retentit une nouvelle fois. Il fait de plus en plus jour, la Loire devient vraiment mauvaise, et de gros débris commencent à apparaître à la surface. On assiste au "spectacle" sans pouvoir rien faire.
Il est 07h50, la Loire sors enfin de son lit de manière spectaculaire. C'est extrêmement rapide, un peu comme une vague, qui n'est pas stoppable.
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Cette photo montre la Loire en train de monter ( +3mètres au dessus du niveau normal ), avec le lit initial de la Loire, la route qui mène aux maisons, et notre maison sur la droite.
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La crue s'intensifie, des gros débris apparaissent. Je fait demi tour et reprend le chemin à l'arrière de la maison pour voir où se trouve l'eau, pour voir les dégats actuels. L'eau est montée de 2 mètres de plus en 15 minutes, c'est considérable.
4/
Cette photo montre la maison de mes grands-parents depuis le jardin arrière. Au fond, le lit initial de la Loire qui n'est pas visible normalement, et devant un trait rouge indiquant jusqu'où finira par monter la Loire au stade maximal, +7 mètres au dessus du niveau normal ( 2 mètres de plus ).
A ce moment là, en fait, on avait encore un peu d'espoir que ça s'arrête, que l'eau cesse de monter et qu'au final simplement le jardin ait été inondé. C'est ce qu'on pensait. Mais l'eau gagne sans cesse du terrain, il faut partir d'ici.
Pour ne pas assister à la scène de désolation, on rentre chez des amis à mes grands-parents. Impossible de faire face à la vérité, c'est trop dur moralement.
Quand je regarde Internet en arrivant labas, je remarque que Météo-France déclenche sa vigilance rouge, il serait peut être temps, on a les pieds dans l'eau et une maison qui coule !!! :evil: :evil: :evil:
On ne reviendra sur les lieux que le lendemain, après que les alertes aient été levées. Et là, on ne s'attendait pas au paysage de désolation qu'on était sur le point de voir.
Nous qui croyaient que le jardin allait être inondé, l'eau aura monté d'1 mètre dans la maison.
A l'intérieur, tout est dévasté, certaines vitres ont explosé, une épaisse couche de boue recouvre tout, une odeur de cadavre empeste le secteur ( on remarquera plus tard que tout un tas d'animaux morts se trouvent un peu partout et sous la boue ). Les réparations s'annoncent catastrophiques, rien est récupérable, rien. Les murs en platre ont gonflés, les installations électriques sont mortes, le matériel est HS, et l'hiver qui arrive pour rien arranger....
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8/
L'état de catastrophe naturelle aura été déclaré dans le département, ce qui, par chance, aura fait en sorte que les assurances remboursent la totalité des réparations engendrées par cette crue spectaculaire ( 40 000 euros ).
La Loire est un fleuve capricieux, de nombreuses crues ont été déplorées par le passé, mais elles intervenaient généralement sous forme de "cycles". On parlait d'une crue notable tous les 10 ans.
Mais depuis quelques années, les crues ne correspondent plus à des cycles définis. Elles interviennent très fréquemment, avec des intensités anormales.
L'année dernière en 2011, le 8 Novembre, un épisode cévenol a frappé et à fait monter la Loire de 3 mètres. Elle s'est arrêtée au bord de la route sans passer par dessus, à quelques centimètres près. Le scénario à bien faillit se reproduire. C'est pourquoi j'étais stressé dans les suivis de la situation sur les sujets correspondants sur le forum. Du matériel a mon grand-père à tout de même été endommagé par des infiltrations d'eau dans la cave, ce qui a donné une facture de 1500 euros non remboursés par les assurances.
Cette année encore, je redoute le prochain épisode cévenol.
C'est pourquoi j'aimerais mettre la main sur les archives des cartes de prévision du 31 et 01 Novembre 2008, pour voir ce qui était prévu, pour avoir une référence dans la tête, afin de pouvoir éviter qu'un scénario catastrophe se reproduise chez mes grands parents.
Car depuis 2008, je sais que je ne peux plus faire confiance à Météo-France. Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit, eux ne le font pas hélas.