Trombes marines et violents orages en Ligurie
Posté : mer. oct. 26, 2011 16:56
Bonjour,
Voici un petit récit de la chasse effectuée tambour battant le 25 octobre 2011 dans les Cinque Terre en Ligurie (Italie). Accompagné de Klipsi (Olivier Staiger), nous nous sommes mis en route vers 6h du matin, direction la Riviera du Levant, au sud-est de Gênes via le tunnel du Mt-Blanc. Si le temps à l'entrée française du tunnel était encore sec et relativement doux, l'accueil à la sortie italienne fut tout sauf chaleureux puisqu'il neigeait à gros flocons!
Arrivés sans encombre aux environs de Gênes, l'ambiance était encore bien fraîche avec tout juste 7°C, le tout agrémenté d'un vent aigrelet de secteur nord à nord-est. Il fallait aller à une quarantaine de km plus au sud-est vers Sestri Levante pour trouver un bon vent du sud à sud-est nettement plus chaud et une température dépassant les 15°C. Le secteur intéressant était la zone de contact entre ces vents du nord-est et ceux du sud-est. Sur place, un peu au sud de Deiva Marina, la convection avait déjà débuté avec un gros orage sur le secteur des Cinque Terre. Pensant qu'il valait mieux observer le flanc sud de l'orage, nous essayâmes de poursuivre vers le sud-est le long de l'impressionante corniche et traverser le coeur très pluvieux et très électrique de cet orage. Les conditions étaient tout simplement dantesques et notre avancée de plus en plus difficile. Le ruissellement devenait problématique avec un charriage sur la chaussée de pierres, branches et quantité de châtaignes avec leur bogues! Au bout de quelques km assez angoissants, je craignais à chaque instant voir tomber une grosse branche ou un arbre tellement les rafales étaient violentes, notre route fut barrée par un impétueux torrent boueux qui dévalait la chaussée. Décision fut prise de rebrousser chemin et de tenter de passer un sud vers La Spezia en empruntant l'autoroute A12. L'entreprise fut délicate car la visibilité était par moment quasi nulle, nous obligeant comme les autres automobilistes à ne pas dépasser les 40 au 50 km/h!
Il était 14h mais on aurait dit que le crépuscule était bien avancé! Jamais vu autant d'eau, même dans le sud de la France. Arrivés juste au nord de la Spezia, le bord méridional de l'orage fut atteint révélant un ciel tourmenté de fin du monde. Le courant du sud drainait un paquet de nuages vers le coeur noirâtre de l'orage. Des flashs incessants perçaient l'obscurité, révélant la silhouette des collines et un rideau de précipitations verdâtre caché derrière les nuages déchiquetés sombres. Pour rejoindre le sud des Cinque Terre, il n'y avait pas d'autre choix que de traverser la ville portuaire de La Spezia et de gravir la chaîne de collines qui la séparait de la côte abrupte des Cinque Terre. En approchant du but, nous sentions que nous allions avoir droit à un spectacle peu commun. La dernière ligne droite fut un petit tunnel qui débouchait directement sur le littoral en surplomb. Le spectacle dépassa nos attentes. Nous étions à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la mer; des nuages tourmentés occupaient la moitié nord-ouest du ciel et de nombreux coups de foudre venaient frapper le relief côtier ainsi que la mer. Des nuages très bas et sombres pendaient au-dessus de l'eau et donnaient à la scène un aspect sinistre. Malheureusement j'étais au volant et je devais absolument trouver un point de vue potable. La route étant étroite et sinueuse, je ne pouvait donc pas filmer. Heureusement que klipsi put photographier et faire quelques vidéos de tout cela. A un moment donné, un tuba apparu sous une de ces bases et commença à grandir rapidement. Là, je cherchai frénétiquement un endroit pour m'arrêter. Pendant ce temps là, le tuba toucha la mer où un buisson était déjà présent. Ce tuba était sinueux, en forme de S. En désespoir de cause, je m'arrêtai au milieu de la route, contre le mur de la corniche. Heureusement que la route était à ce moment déserte. Le temps de prendre l'APN et de faire les réglages (ratés), le tuba avait déjà disparu. Ne subsistait que le buisson qui faiblissait à vue d'oeil.
La photo prise à la va vite est floue, mais montre clairement le buisson résiduel
Ne restait alors plus qu'un abaissement nuageux bien turbulent
A un moment donné, une voiture de carabiniers remonta la route. Comme nous étions arrêtés à contre-sens, ils nous ordonnèrent sèchement de dégager "subito!". Aussitôt dit, aussitôt fait! Après un ou deux km, un point du vue décent fut trouvé. Au moment où je déployais le matos, un nouvel abaissement se mit en place. Rapidement un nouveau tuba se forma. La suite en photo. Malheureusement, la lumière était faible et je fus obligé de monter dans les iso. Mais bon, je ne vais pas faire la fine bouche.
Par la suite, l'orage se décala lentement vers le sud-est, nous obligeant à retraverser La Spezia en pleine heure de pointe et sous un déluge. Nous tentâmes de poursuivre vers le sud mais l'activité électrique devint moins intéressante. De plus, je devais être de retour à Genève car le taf m'attendait le lendemain matin. C'est Dame nature qui vint bousculer tous mes plans. En effet, le déluge de 200 à 500 mm qui s'était abattu sur la Spezia ainsi que sur la région au nord de la ville ne fut pas sans conséquences. Des inondations et des glissements de terrain terribles causèrent de gros dégâts et plusieurs décès. Toutes les routes menant vers Gênes furent coupées. La police, qui avait établi des barrages, nous prévint qu'il était impossible de rejoindre le nord. Les agents nous informèrent aimablement que nous pouvions passer la nuit hébergés par la protection civile, ou alors il fallait trouver un hôtel en ville. L'autre solution était de descendre vers Pise, prendre ensuite la direction de Florence, remonter vers Bologne, puis retour sur Milan puis Genève. Un détour de plusieurs centaines de km!!. Nous déclinâmes poliment l'offre pour la protection civile et décidâmes de trouver un hôtel. J'informai immédiatement mon employeur sur le fait qu'il me serait difficile d'être à Genève pour 9h du matin. Ce que nous avions oublié est que nous n'étions pas les seuls touristes à être pris au piège par les inondations et les coulées de boue. Les hôtels furent vite pris d'assaut par ces naufragés de la route et nous prîmes la décision de faire le détour par Florence. Cette décision fut aussi fondée par le fait que personne ne savait pour combien de temps les routes allaient être coupées. De plus, connaissant le tronçon montagneux entre Florence et Bologne, je savais qu'il était aussi très sensible aux inondations et glissements de terrains. Il valait mieux au moins rejoindre Bologne et profiter de l'autoroute A1 tant qu'elle était ouverte. Nos craintes se révélèrent fondées, puisque peu de temps après notre passage, celle-ci fut fermée dans le sans nord-sud. Vers 1h30 du matin, à la hauteur de Parme, la fatigue nos obligea à faire une halte de 2h dans une stations service. Nous reprîmes ensuite la route pour arriver à Genève vers les 7h30 du matin complètement destroy!!!
Voici un petit récit de la chasse effectuée tambour battant le 25 octobre 2011 dans les Cinque Terre en Ligurie (Italie). Accompagné de Klipsi (Olivier Staiger), nous nous sommes mis en route vers 6h du matin, direction la Riviera du Levant, au sud-est de Gênes via le tunnel du Mt-Blanc. Si le temps à l'entrée française du tunnel était encore sec et relativement doux, l'accueil à la sortie italienne fut tout sauf chaleureux puisqu'il neigeait à gros flocons!
Arrivés sans encombre aux environs de Gênes, l'ambiance était encore bien fraîche avec tout juste 7°C, le tout agrémenté d'un vent aigrelet de secteur nord à nord-est. Il fallait aller à une quarantaine de km plus au sud-est vers Sestri Levante pour trouver un bon vent du sud à sud-est nettement plus chaud et une température dépassant les 15°C. Le secteur intéressant était la zone de contact entre ces vents du nord-est et ceux du sud-est. Sur place, un peu au sud de Deiva Marina, la convection avait déjà débuté avec un gros orage sur le secteur des Cinque Terre. Pensant qu'il valait mieux observer le flanc sud de l'orage, nous essayâmes de poursuivre vers le sud-est le long de l'impressionante corniche et traverser le coeur très pluvieux et très électrique de cet orage. Les conditions étaient tout simplement dantesques et notre avancée de plus en plus difficile. Le ruissellement devenait problématique avec un charriage sur la chaussée de pierres, branches et quantité de châtaignes avec leur bogues! Au bout de quelques km assez angoissants, je craignais à chaque instant voir tomber une grosse branche ou un arbre tellement les rafales étaient violentes, notre route fut barrée par un impétueux torrent boueux qui dévalait la chaussée. Décision fut prise de rebrousser chemin et de tenter de passer un sud vers La Spezia en empruntant l'autoroute A12. L'entreprise fut délicate car la visibilité était par moment quasi nulle, nous obligeant comme les autres automobilistes à ne pas dépasser les 40 au 50 km/h!
Il était 14h mais on aurait dit que le crépuscule était bien avancé! Jamais vu autant d'eau, même dans le sud de la France. Arrivés juste au nord de la Spezia, le bord méridional de l'orage fut atteint révélant un ciel tourmenté de fin du monde. Le courant du sud drainait un paquet de nuages vers le coeur noirâtre de l'orage. Des flashs incessants perçaient l'obscurité, révélant la silhouette des collines et un rideau de précipitations verdâtre caché derrière les nuages déchiquetés sombres. Pour rejoindre le sud des Cinque Terre, il n'y avait pas d'autre choix que de traverser la ville portuaire de La Spezia et de gravir la chaîne de collines qui la séparait de la côte abrupte des Cinque Terre. En approchant du but, nous sentions que nous allions avoir droit à un spectacle peu commun. La dernière ligne droite fut un petit tunnel qui débouchait directement sur le littoral en surplomb. Le spectacle dépassa nos attentes. Nous étions à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la mer; des nuages tourmentés occupaient la moitié nord-ouest du ciel et de nombreux coups de foudre venaient frapper le relief côtier ainsi que la mer. Des nuages très bas et sombres pendaient au-dessus de l'eau et donnaient à la scène un aspect sinistre. Malheureusement j'étais au volant et je devais absolument trouver un point de vue potable. La route étant étroite et sinueuse, je ne pouvait donc pas filmer. Heureusement que klipsi put photographier et faire quelques vidéos de tout cela. A un moment donné, un tuba apparu sous une de ces bases et commença à grandir rapidement. Là, je cherchai frénétiquement un endroit pour m'arrêter. Pendant ce temps là, le tuba toucha la mer où un buisson était déjà présent. Ce tuba était sinueux, en forme de S. En désespoir de cause, je m'arrêtai au milieu de la route, contre le mur de la corniche. Heureusement que la route était à ce moment déserte. Le temps de prendre l'APN et de faire les réglages (ratés), le tuba avait déjà disparu. Ne subsistait que le buisson qui faiblissait à vue d'oeil.
La photo prise à la va vite est floue, mais montre clairement le buisson résiduel
Ne restait alors plus qu'un abaissement nuageux bien turbulent
A un moment donné, une voiture de carabiniers remonta la route. Comme nous étions arrêtés à contre-sens, ils nous ordonnèrent sèchement de dégager "subito!". Aussitôt dit, aussitôt fait! Après un ou deux km, un point du vue décent fut trouvé. Au moment où je déployais le matos, un nouvel abaissement se mit en place. Rapidement un nouveau tuba se forma. La suite en photo. Malheureusement, la lumière était faible et je fus obligé de monter dans les iso. Mais bon, je ne vais pas faire la fine bouche.
Par la suite, l'orage se décala lentement vers le sud-est, nous obligeant à retraverser La Spezia en pleine heure de pointe et sous un déluge. Nous tentâmes de poursuivre vers le sud mais l'activité électrique devint moins intéressante. De plus, je devais être de retour à Genève car le taf m'attendait le lendemain matin. C'est Dame nature qui vint bousculer tous mes plans. En effet, le déluge de 200 à 500 mm qui s'était abattu sur la Spezia ainsi que sur la région au nord de la ville ne fut pas sans conséquences. Des inondations et des glissements de terrain terribles causèrent de gros dégâts et plusieurs décès. Toutes les routes menant vers Gênes furent coupées. La police, qui avait établi des barrages, nous prévint qu'il était impossible de rejoindre le nord. Les agents nous informèrent aimablement que nous pouvions passer la nuit hébergés par la protection civile, ou alors il fallait trouver un hôtel en ville. L'autre solution était de descendre vers Pise, prendre ensuite la direction de Florence, remonter vers Bologne, puis retour sur Milan puis Genève. Un détour de plusieurs centaines de km!!. Nous déclinâmes poliment l'offre pour la protection civile et décidâmes de trouver un hôtel. J'informai immédiatement mon employeur sur le fait qu'il me serait difficile d'être à Genève pour 9h du matin. Ce que nous avions oublié est que nous n'étions pas les seuls touristes à être pris au piège par les inondations et les coulées de boue. Les hôtels furent vite pris d'assaut par ces naufragés de la route et nous prîmes la décision de faire le détour par Florence. Cette décision fut aussi fondée par le fait que personne ne savait pour combien de temps les routes allaient être coupées. De plus, connaissant le tronçon montagneux entre Florence et Bologne, je savais qu'il était aussi très sensible aux inondations et glissements de terrains. Il valait mieux au moins rejoindre Bologne et profiter de l'autoroute A1 tant qu'elle était ouverte. Nos craintes se révélèrent fondées, puisque peu de temps après notre passage, celle-ci fut fermée dans le sans nord-sud. Vers 1h30 du matin, à la hauteur de Parme, la fatigue nos obligea à faire une halte de 2h dans une stations service. Nous reprîmes ensuite la route pour arriver à Genève vers les 7h30 du matin complètement destroy!!!