Ca faisait un bon moment que je n'avais pas mis ce topic à jour !
Alors avant d'entamer le 3ème récit pour la chasse du 09 Juin 2014, revenons rapidement sur ce qu'il s'est produit entre cette date et la date de dernière mise à jour du topic.
La saison qui avait démarré sur les chapeaux de roues en Avril, a laissé place à un mois de Mai complètement minable, encore pire que celui de 2013 que je considérais déjà comme bien triste. Il faudra presque jour pour jour attendre 1 mois complet avant de pouvoir observer de nouvelles structures orageuses, et c'est donc le 23 Mai 2014 que je décide de partir en chasse sur le nord du département de la Loire (42). Une belle convection, de l'orage sans impact, du vent glacé, et une crise d'allergie aux pollens, voilà tout ce que je vais trouver sur place.
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Le 26 Mai 2014, je suis encore obligé de contempler des orages de masse d'air froid, la frustration monte en puissance, cela fait maintenant 1 mois de moins sur la saison orageuse 2014. Ce jour là, malgré l'absence d'activité électrique, l'ambiance restera tout de même sympathique avec de très jolis rideaux de grésil. Le ciel est riche en contrastes, et j'aurais même un petit coup de coeur pour la régénération instantanée de la convection à l'arrière de la première cellule, donnant une impression de cycle sans fin ( photo 5 ).
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Chasse n°3: Risque extrême.
Il aura fallu attendre longtemps avant de voir l'instabilité, la vraie, arriver sur le pays, et son arrivée se fera quasiment sans transition. Voici le rapport de la chasse que j'ai réalisé le 09 Juin 2014 à Buzançais ( Indre 36 ), ma deuxième plus grande expédition de chasse en 6 ans. Un risque d'orage extrême était de rigueur, dans des conditions d'instabilité rarissime ( MUCAPE dépassant 5000J/kg pour un MULI de -15K ). Une dégradation orageuse très violente était attendue, les différents prévisionnistes sortent les niveaux les plus hauts et des termes comme "grêlon géant" et "derecho" sont de la partie...
Je me décide de partir la veille, Dimanche 08 Juin au soir, en récupérant David Drevet au passage. Ce sont 400km de route que nous devons parcourir pour arriver à destination. Des orages en provenance du Sud-Ouest étaient attendus en fin de nuit sur mon spot, c'était donc l'occasion d'avoir un petit supplément d'orages pour cette chasse de grande envergure.
01h00,
Arrivée sur place. Légèrement plus à l'ouest de Buzançais, au milieu d'un parc d'éoliennes. Le point de vue est grandiose, bien dégagé, et de quoi faire des plans sympathiques avec les éoliennes. On décide de somnoler dans la voiture en attendant les premiers orages, mais personnellement, l'excitation était pour moi bien trop forte, impossible de fermer l'oeil... Des orages se mettent en place près des côtes en Atlantique, il faudra attendre longtemps avant de pouvoir les observer.
03h40,
Après une première partie de nuit assez calme et bien étoilée, les premiers orages en provenance du Sud-Ouest abordent peu à peu la région. Les intensités sont fortes, les nuages sont survoltés et baignent dans une atmosphère extrêmement instable. Ils génèrent des décharges intra-nuageuses très fréquemment, le sommet des enclumes lointaines s'illuminent dans l'obscurité la plus totale.
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03h50,
Les orages ne se déplacent pas très vite et sont toujours très éloignés. Je continue de photographier les enclumes qui scintillent, jusqu'au moment où un très gros flash se produit. Vu la distance à laquelle l'orage se trouve, très peu de chance de faire une photo potable, et pourtant.. Un petit miracle se produit avec mon 50mm f/1.8 :
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En fait, sur l'écran du boîtier, je ne pensais pas que la photo allait rendre aussi bien. L'activité électrique va ensuite baisser sensiblement, et l'attente sera très longue avant l'arrivée de l'orage.
04h50,
Le jour se lève à peine quand l'orage arrive véritablement sur ma position, mais très peu d'impacts de foudre se dévoilent.
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05h30,
Un arcus multi-couche monstrueux se met en place juste devant moi, avant de déferler rapidement sur le secteur. Je photographie la structure, et j'en oublie même d'enlever mon oeil du viseur ! Au moment où je me rend compte de la taille colossale de l'engin, il est déjà trop tard pour penser à monter le 18mm sur le boîtier..! Saloperie, je me retrouve à shooter un arcus taille XXL au 50mm..!
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05h50,
L'arcus se désintègre à une vitesse à peine croyable, je m'étais décidé à changer d'objectif et le temps de la manipulation le ciel a complètement changé. Une base sombre se dresse devant nous, le tonnerre gronde de plus en plus fort, et la nuit retombe brusquement. Un impact tombe, mais les coups de foudre sont vraiment très rares, la quasi totalité de l'activité électrique reste intra-nuageuse.
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06h10,
Le front orageux nous passe dessus avec une pluie très intense, pas de grêle cependant. A l'arrière de la cellule, un bouillonnement fascinant se montre, de même que quelques petits mammatus timides éclairés de temps en temps par les décharges intra-nuageuses du CB. Les premiers rayons de soleil finiront par se lever au loin, une fois le front évacué.
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08h00,
Il est temps de consulter les différentes cartes de prévision du jour, et là, le stress monte d'un cran lorsque je me rend compte de ce qui est attendu ce jour. Le risque d'orage est maximal, difficile de faire plus élevé, et je me situe en plein milieu du couloir visé par un probable "derecho" la nuit prochaine... Les questions commencent à se bousculer dans ma tête. Je savais que ça allait être une très grosse situation en partant la veille, mais je ne m'attendais pas à voir de telles cartes à ce moment là. Faut-il se décaler ? Est-ce que nous sommes dans une position trop dangereuse ? Et puis zut, après tout, je suis venu pour ça, je n'ai pas fait 400km pour fuir le secteur ! Une nouvelle attente commence, avec un peu d'appréhension...
10h30,
De nouveaux orages démarrent. On se situe en pleine zone de croissance des cellules, tout se forme presque au dessus de notre tête et les cellules qui arrivent déjà formées se renforcent brusquement en arrivant sur le secteur. Les choses évoluent vraiment vite dans le ciel, il est difficile d'anticiper les évènements. La plupart des cellules orageuses qui transitent sur le secteur donnent naissance à des arcus compacts, très esthétiques.
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Les passages orageux seront fréquents tout au long de la matinée ainsi qu'au cours de l'après-midi, mais resteront très peu photogéniques, l'ambiance quant à elle est au rendez-vous. Les orages qui se formeront sur ma position déchaîneront leur puissance plus au nord-est en direction de l'Ile-de-France.
19h20,
La chaleur est insupportable, le vent est nul, les éoliennes sont à l'arrêt, et le stress monte de plus en plus avec l'approche de l'échéance tant attendue... Des structures nuageuses de plus en plus insolites se mettent en place, à des vitesses délirantes. Les nuages se chargent remarquablement vite, la puissance des courants ascendants est à peine croyable !
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21h00,
La soirée est bien entamée, et un sentiment étrange m'envahit... Ce sentiment qui te dit " Il y a une erreur dans ton positionnement, ça va être un échec ". Je commence à regarder chaque actualisation des images radars, poignées de minutes par poignées de minutes, puis je finis par me rendre compte qu'il y a vraiment un gros problème. La situation en temps réel dans le Sud-Ouest ne correspond absolument pas à ce qui était envisagé par les différents modèles de prévision. Au lieu d'avoir de nombreux orages très virulents gagnant en puissance, je contemple avec horreur un immense paquet pluvieux anéantissant minute par minute les chances que les orages violents puissent se mettre en place.
22h30,
La nuit tombée, l'axe orageux pour lequel j'étais venu ici ne se mettra finalement pas en place comme prévu, en plus de ne pas être photogénique, le peu d'activité électrique est constitué à 100% d'intra-nuageux. Les orages deviennent extrêmement violents uniquement en direction de l'Ile-de-France où ils produiront des grêlons de 10cm de diamètre, avec une activité électrique très impressionnante. Mon secteur aura simplement servi de tremplin au paquet pluvieux en provenance du Sud-Ouest, pour s'activer et gagner en puissance à la façon de ce qui ce sera produit tout au long de la journée.
23h15,
Les piles électriques transitent au dessus de ma tête, dans un silence vraiment effrayant. Le ciel est éclairé plus d'une fois par seconde juste au dessus de moi, sans qu'aucun son de tonnerre ne se fasse entendre. Seul le bruit des pales des éoliennes mettent un peu d'ambiance. A deux reprises, de très grosses gouttes viendront me faire peur à l'approche d'échos-radars très inquiétants, mais la grêle ne tombera finalement jamais.
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Les orages s'éloigneront ensuite tranquillement, petit à petit, en direction du Nord-Est, en devenant toujours de plus en plus violents. La route du retour aura été quant à elle... très... très... longue.
Cette chasse se résumera donc à beaucoup d'images dans la tête, mais très peu dans la carte SD... Est-ce une chasse ratée ? Non je ne pense pas, tout comme je ne pense pas que ma position était mauvaise. Le résultat aurait été tout autre si ce "derecho" s'était vraiment mis en place comme prévu initialement. Ce genre de coup de pas de bol fait partie du jeu, et même si la déception est au rendez-vous, je peux avoir le mérite de dire " J'ai chassé du risque maximal... " !
A la prochaine, pour le récit d'une chasse effectuée le lendemain